« La cloche de détresse » – Sylvia Plath

*** UN BON MOMENT DE LECTURE

Depuis que je m’intéresse au féminisme et à la poésie, j’entends parler de Sylvia Plath partout. Elle constitue apparemment l’une des figures emblématique des poétesses américaines et le fait que des gens que j’admire la cite comme une source d’inspiration m’a beaucoup intrigué. J’ai commandé un recueil de poèmes, The collected Poems, qui se sont avérés malheureusement un peu trop pointus pour que je puisse en savourer la teneur avec mon niveau d’anglais. J’ai donc décidé de me rabattre sur le seul roman qu’elle ait écrit, et qui, lui, a été traduit, c’est La cloche de détresse, « The Bell Jar » dans son titre original.

SYNOPSIS : Esther Greenwood, jeune fille brillante et passionnée de littérature est tout d’abord accueillie à bras ouverts par le monde académique et par celui des média, reconnue pour ses talents d’écriture. Mais la reconnaissance n’est jamais unanime et elle finit par recevoir un refus pour un stage d’été en écriture sur lequel elle avait mis tous ces espoirs. On la suit alors dans une descente psychologique au cours de laquelle elle se retrouve désormais en proie à toutes ses insécurités qui, jusque-là, l’avaient épargnées.

CE QUE J’AI AIME :
– L’expression de la souffrance psychologique : Esther ne souffre pas d’un événement en particulier, mais plutôt d’être trop exigeante avec elle-même. Ce n’est pas qu’elle n’a pas de talent, mais plutôt qu’elle-même se juge et se condamne. Une ambivalence de l’écrivain qui me touche et qui doit certainement résonner avec nombre d’artistes.
– Le niveau d’intimité : Esther est envoyée dans un asile et, en tant que lectrice, j’ai eu le sentiment d’être enfermée avec elle. J’ai partagé sa fébrilité, ses interrogations. J’ai ressenti une grande proximité avec elle. L’autrice parvient a nous faire partager la dépression d’Esther sans pour autant nous y faire plonger, c’est pour moi un vrai tour de force.
– L’humour tenté d’ironie de l’auteur : le suicide est une thématique qui prend beaucoup de place dans le récit. L’autrice parvient à rendre le sujet supportable en le mettant à distance avec une attitude pragmatique qui rend la perspective un peu absurde. L’humour comme barrage contre la douleur, mais au final, c’est aussi le meilleur moyen d’exprimer de la pudeur vis-à-vis d’une souffrance trop bouleversante, aussi bien pour l’autrice que pour la lectrice que je suis.

CE QUE J’AI MOINS AIME:
– L’ambiance dépressive : ce n’est un secret pour personne, Sylvia Plath s’est suicidée à l’âge de 30 ans suite à une vie profondément marquée par la dépression. J’avoue que je ne suis pas fan des ambiances trop plombantes. Mais la sensibilité avec laquelle l’autrice s’exprime rend son histoire touchante malgré tout.
– Le manque d’histoire. Au final, ce livre se rapproche plus d’une auto-fiction que d’un véritable roman. Et je l’apprécie mieux en le considérant sous cet angle autobiographique. J’en suis néanmoins ressortie un peu sur ma faim en terme de structure narrative. Mais j’imagine que cela correspond bien à la déroute dans laquelle le personnage d’Esther se retrouve, sans perspective, justement. Cela génère une impression de malaise, qui sert le propos, mais qui m’a pas mal frustré.

EN TANT QU’ÉCRIVAINE
Ma curiosité envers l’univers de Sylvia Plath et ma réaction à la lecture de ce roman me montre qu’une part de moi est touchée par l’expression de la souffrance psychologique que je ne m’autorise absolument pas dans mes écrits à ce jour. C’est sans aucun doute une piste d’exploration intéressante pour moi. Elle passera, je pense, par une écriture plus proche de la poésie, même si j’avoue que c’est un genre d’écriture que je trouve intimidant.

ET APRÈS ?
Une écriture fluide qui se lit très facilement. Une bonne façon d’entrer dans l’univers de cette autrice dont les tourments psychologiques et l’œuvre ne font qu’un. On touche ici au thème de la transcendance qui est l’un de mes sujets de prédilection. Cela ma donne donc l’envie de continuer d’explorer l’œuvre de cette autrice, et « La cloche de détresse » m’a semblé constituer une bonne porte d’entrée pour commencer à faire sa connaissance. Dans ma liste de prochaines lectures figurent donc maintenant en bonne place ses Journaux (1950-1962), parus en 1999 chez Gallimard.

Et vous, connaissiez-vous cette autrice ? Qu’en avez-vous pensé ?

Journal d’écriture – Mai 2020

Mois : #2
Nombre de jours ou j’ai travaillé à mon roman : 7
Nombre de jours ou j’ai procrastiné : difficile à dire... 10?
Nombre de mots écrits: 2 624 (Résumé inclus)
Estimation d’avancement de mon premier draft : 10%
Perception d’avancement dans ma tête : 2%
État d’esprit : Occupé ailleurs

Et oui, ça fait déjà un mois depuis mon dernier Bilan d’écriture dans l’avancement de mon roman. Comme vous le voyez dans les chiffres du mois, le volume d’écriture est réduit par rapport au mois précédent, mais j’ai néanmoins nourri mon projet, par différents autres biais et je commence à visualiser la partie immergée de l’iceberg, que constitue l’écriture de roman. Voilà, à ce stade, comment je ressens les choses :

Ce que j’ai expérimenté ce mois-ci, c’est que le processus de création n’est pas linéaire, il ressemble plus à une spirale qui oscille sans cesse entre écriture et maturation. Soyons honnête, j’aurais clairement pu avancer plus sur mon premier Brouillon sans me sentir particulièrement bloquée. Procrastination ou re-priorisation de mon travail (choisissez pour moi, sur ce coup-là, je pense que je vais manquer d’objectivité!), j’ai décidé de consacrer moins de temps à l’écriture proprement dite et de profiter du calme de la période de confinement pour participer à une formation d’une semaine en Creative Writing.

Vous le savez, mon expérience en matière d’écriture est très intuitive et quand je me suis lancée dans l’écriture de roman, je me suis rapidement aperçue que cela n’était pas suffisant. Comme nous l’a très justement expliqué notre formateur :

« L’écriture de fiction, ce n’est pas de la magie, c’est de la prestidigitation »

Lionel Tran – Les Artisans de la Fiction

Le travail d’un écrivain, c’est de savoir créer une illusion pour le lecteur. Une illusion si bien ficelée qu’elle ressemble à s’y méprendre à une forme de réalité. Ceci concerne tous les genres de fiction, SF inclue, car il ne s’agit pas ici de réalisme, mais plutôt de vraisemblance. Et savoir créer ces illusions, et bien cela s’apprend, et nos amis anglo-saxons ont écrit des manuels entiers sur le sujet. Bien sûr, il y a les adeptes et les détracteurs, de ce type de techniques. Les puristes vous diront que ces approches amènent à la création d’histoires forcément stéréotypées. Les aficionados, dont je fais partie, apprécient énormément la structuration de pensée qu’apportent ces concepts, et ne se sentent pas pour autant contraints de suivre une recette toute faite. C’est comme en cuisine, apprendre que vous pouvez jouer sur les saveurs salées, sucrées, amères, sur les différentes textures, et même les couleurs, va vous donner la base nécessaire pour déployer votre créativité. Et pour ma part, c’est bien ce qu’il se passe. C’est déjà le troisième stage auquel je participe, sur des thématiques différentes, et je sors à chaque fois avec un fourmillement d’idées et surtout une bien meilleure conscience de la façon dont je construis mes histoires. Par ailleurs, comprendre ces techniques de Creative Writing, a radicalement changé mon regard dans ma façon de lire et ou de regarder les films et c’est encore plus savoureux !

À l’issue de ce stage, j’ai pu regarder mon histoire sous un nouvel angle et j’ai trouvé cet éclairage particulièrement aidant pour déceler ou se situaient par exemple les faiblesses de mon intrigue. Cela m’a notamment permis de me confirmer que la fin que j’avais prévue pour mon histoire manquait de force, car j’avais oublié de prendre en compte l’impact que je voulais que cette intrigue ait sur le personnage principal. Une bonne histoire permet forcément au Héros d’évoluer, dans un sens ou dans un autre. Il est très rare qu’un Héros reste exactement le même, entre le début d’une histoire et la fin. Cette évolution, c’est ce que le spectateur attend et/ou espère. Ensuite, à l’auteur de voir s’il veut satisfaire ou frustrer son lecteur ! 😉

En bilan, je dirais donc que le mois de Mai a été productif avec peu de production. Ahah, un nouveau concept ? Et bien, je crois que pour quelqu’un qui vient comme moi du milieu de l’entreprise, cet état de fait me surprendra toujours. Car la création demande autant de FAIRE que de VIVRE son déroulement. Créer une histoire, est finalement un processus organique et il faut lui laisser l’espace de respirer pour lui donner sa pleine puissance. Voilà pourquoi les écrivains se battent autant pour avoir de meilleures conditions de création. Il existe peu d’activités qui demandent autant de temps pour produire. Un auteur peut facilement mettre des années à écrire son roman, et il est rémunéré quelques euros par exemplaires vendus. Le calcul est rapide à faire : à part les prix littéraires, l’édition papier est difficilement rentable pour un écrivain qui veut vivre exclusivement de son art. Pour ma part, cela ne m’empêchera jamais d’écrire, car je sais que j’ai besoin de ce processus créatif dans ma vie pour nourrir mon activité de Facilitatrice Potentiel et pour nourrir mon âme, au-delà des retombées financières qu’il peut m’apporter. Il y a de nombreuses façon de s’imaginer écrivain, et je crois que la situation actuelle pousse le milieu de l’édition à se réinventer. Je serais ravie de pouvoir y participer, même si la forme n’est pas encore confirmée. En attendant, chaque moment passé face à mon Roman m’apprend bien au delà de ce que nombre de formations ont pu m’apporter au cours de ma carrière professionnelle. Vous le savez, pour moi, l’écriture est un outil de développement ultra puissant.

Pour finir, je vous avais promis, le mois dernier, de vous partager un petit résumé du roman sur lequel je suis en train de travailler. Vous aurez ainsi une idée un peu plus précise de ce dont je parle lorsque je vous raconte mes tribulations d’écrivaine. 🙂

PHŒNIX - Résumé
« Cela fait bientôt quinze ans, que Gabrielle s’applique dans son rôle d’épouse modèle, auprès de Stephen. Ils habitent Chicago, dans un magnifique Duplex. Leur fille, Cheyenne vient de rentrer au Collège, et l’entreprise familiale, héritée par son mari, génère suffisamment d’argent pour que Gabrielle n’ait pas besoin de travailler pour gagner sa vie. Cela fait aussi quinze ans, que Gabrielle et sa sœur ne se sont pas vues, pas parlé, pas écrit. Rien qui ne puisse raviver la douleur. Rien qui ne puisse rappeler ce matin de Novembre où leur relation s'était irrémédiablement brisée. Oublier. Jessica avait passé de nombreuses années à l’étranger, à poursuivre sa passion pour les médecines ancestrales. Elle semblait s’être donné pour mission, de rencontrer tous les Maîtres Yoda de la Planète. Cette sœur lui avait-elle manqué ? Pas tant que ça. La vie de Gabrielle était presque parfaite. S’il n’y avait pas ces angoisses nocturnes, si l'alcool n'était pas un sujet, si elle pouvait être la femme que Stephen lui demande d’être à ses cotés. Si, si, si… Mais plus Gabrielle fait d‘efforts, plus les choses dérapent, et plus elle perd le contrôle de la situation. Elle s’est promise de tout supporter, mais elle refuse que sa fille pâtisse de ses erreurs. Sur un coup de tête, elle quitte Chicago avec Cheyenne, pour se réfugier chez sa meilleure amie, à des milliers de kilomètres, dans un petit village du Nouveau-Mexique. Cet endroit, a été le refuge des deux sœurs, pendant toute leur enfance. C’est là, qu’elles vont se retrouver et devoir, malgré leurs résistances, affronter les fantômes du passé. Ces retrouvailles constituent elles un espoir de réconciliation, ou bien l’annonce d’un drame plus grand encore que celui qui les a séparé ? Il n’y a qu’un moyen de le savoir, et de toute façon, Gabrielle n’a plus vraiment le choix. »

Le mois prochain, je vous propose de vous présenter plus concrètement mes personnages.
En attendant, bon courage à tous les écrivains et écrivaines en herbe dans leur projet ! <3

Mon roman: fin du 1er Jet!

Il y a quelques semaines, s’est terminée l’écriture du 1er jet de mon roman et je me suis dit que c’était une étape intéressante à vous partager. Déjà, parce qu’il me semble important de célébrer cette première réalisation ! Car dans l’écriture d’un roman, l’une des plus grandes difficultés à mon sens est tout de même la durée du projet. On le sait, écrire un roman est long et ce n’est pas pour rien que Murakami à un écrit tout un livre faisant l’analogie entre écriture et marathon ! Alors si, comme moi, vous venez de terminer le premier tour de piste, il est crucial de nourrir sa motivation et son enthousiasme tout au long de la course ! Alors voilà :

La danse de la joie!

Mais peut-être, pour que vous puissiez vous réjouir avec moi de cette merveilleuse nouvelle, faudrait-il que je vous explique un peu ce que j’entends pas « 1er jet » et mes premières impressions sur cette étape. Alors le 1er jet, c’est tout simplement la première fois que l’on écrit l’intégralité de son histoire. On a le début, on a le milieu et on a la fin. On a l’ensemble de nos personnages et globalement le scénario que nous avons prévu de conter à nos lecteurs. POINT. Oui, j’écris gros, car à ce stade, ce que je trouve important de stipuler, c’est que nous ne parlons pas du tout de qualité. Ce premier jet comporte certainement des passages inutiles, manque d’autres scènes cruciales, met en avant des personnages grossiers et peut se perdre dans des arabesques linguistiques dues à l’inspiration parfois douteuse d’une nuit sans lune. Et bien la beauté du 1er jet, c’est que cela n’a aucune importance ! Ce premier jet est la pour nous donner la matière première à l’écriture de notre roman et pour ma part, l’analogie que j’aime faire à ce stade est plutôt celle d’un bloc de granit que l’on aurait extrait d’une montagne, dans l’idée d’en faire émerger une magnifique statue. Ca y est, nous avons un bloc pour sculpter notre chef d’œuvre. On a la matière et on en distingue globalement les contours. Et bien réjouissons nous, cette étape est décisive pour la suite ! D’ailleurs avec le recul, je garde à l’esprit de créer cette première version le plus rapidement possible, de manière a garder mes forces pour la suite. C’est une course d’endurance, ne l’oublions pas !

Pourtant, je dois vous avouer qu’une fois cette étape terminée, la fierté d’être parvenue au bout de mon histoire a rapidement cédé la place a un sentiment de déception. Je relisais des passages ici ou là de mon roman et je ne m’attendais pas du tout a ce que j’y découvrais. Pourquoi ? Tout simplement parce que je le comparais au résultat FINAL auquel je m’attends et, oh surprise, ce premier jet en est encore très loin ! Mais synchronicité incroyable, la lecture d’un livre de Creative Writing que je lisais pile à ce moment là m’a sauvé de la dépression. Ce livre, c’est « The Modern Library Writer’s Workshop: A Guide to the Craft of Fiction », de Stephen Koch. Oui, je suis désolée pour les non anglophones, ce livre est en anglais mais c’est un peu toute la philosophie que j’ai tiré de la lecture de son chapitre dédié aux « Révisions » dont je vous parle aujourd’hui dans cet article. Grace à cette lecture, j’ai pris pleinement conscience du fait que j’étais en train de traverser un processus et que mon rôle, en tant qu’écrivain, était de garder la foi, mon objectif final en tête sans jamais me décourager. Par ailleurs, ce livre m’a également donné des conseils judicieux sur la façon de préparer l’écriture de mon second jet. Mais ca, j’imagine que cela sera l’objet d’un prochain article ! 😉

Et vous alors ? Vous avez des anecdotes sur l’écriture de votre 1er jet ? Des conseils ? Je serais ravie d’entendre votre vision et d’ici là, je vous souhaite de bons moments d’écriture!