» Certains ne deviennent jamais fous… Leurs vies doivent être bien ennuyeuses. »
Charles Bukowski
Je suis persuadée que TOUS les êtres humains ont en eux une part d’artiste. Une facette créative qui ne demande qu’à être libérée pour apporter de la couleur dans nos vies en noir et blanc. Mais sur le curseur de la santé mentale, il semble assez clair que cette étincelle de vie se trouve moins proche du raisonnable que de la folie.
Alors, cette semaine, soyons fou et créeons! 😉
Ce mois-ci, j’ai terminé 4 livres TRÈS différents: 1 roman, 1 récit autobiographique (je les adore !) et 2 BD. Je t’en parle en quelques mots et une vidéo, pour te donner une impression 3D de ces univers dans lesquels j’ai eu le plaisir de voyager ses dernières semaines. Et toi? Tu as lu quoi dernièrement ?
Jours barbares – William ** Roman autobiographique auréolé d’un Prix Pulitzer, mais ce n’est pas cela qui m’a décidé à me lancer dans le flux et le reflux de ces plus de 500 pages. Ce qui m’a attiré, c’est l’histoire d’une obsession. L’histoire d’un homme, au parcours de Grand Reporter dans les endroits les plus dangereux du monde, qui consacre un livre entier à sa passion : le surf. Cette addiction qui a pris possession de son âme et dont il n’a assumé l’existence au grand jour que très récemment. Car à ses yeux, surfer pouvait nuire à son image et sa crédibilité en tant que journaliste. Il est vrai que l’on parle des années 1950 à nos jours et la perception de ce sport à beaucoup évolué depuis quelques années. Ce qui m’a attiré, c’est ce rapport à l’océan et à l’insaisissable. La lecture de ce livre s’est faite sans réel effort et pourtant, je reste sur ma faim, un peu déçue par la simplicité de ce récit chronologique dans lequel je n’ai pas trouvé les explications ou même les émotions que j’attendais. Je ressors de cette lecture, comme bousculée par les vagues successives de ce parcours, mais sans les sensations de fatigue mêlée d’exaltation que j’espérais ressentir. Je n’ai sans doute pas accroché avec l’écriture tout en retenu de Mr Finnegan. Je me sens bien plus touchée par son visage ridé encore émerveillé par ces moments, lorsqu’il les raconte à la camera.
Just Kids – Patti Smith ****
Je ne suis pas très rock. En terme de goûts musicaux, je veux dire. Je fais régulièrement des tentatives et j’apprécie certains morceaux, mais cela n’est pas la musique vers laquelle je me tourne naturellement. En revanche, je reste en admiration béate devant de nombreux chanteurs et chanteuses de rock. Une énergie créative inégalable que je trouve d’une grande inspiration. Des personnalités souvent hautes en couleur, dont la vie en elle-même est une œuvre à part entière et dont les textes écorchés percutent une partie de mon amie, meurtrie comme eux. Kurt Cobain, David Bowie, Keith Richards, Mick Jagger, Janis Joplin, Courtney Love, Patti Smith,… Autant de destins incroyables et d’artistes de talent dont la créativité déborde et éclabousse avec une intensité incroyable. Patti Smith représente pour moi l’une de ces forces de la nature et j’ai énormément apprécié de découvrir les coulisses de son intimité. Ce que j’ai découvert est bien loin de ce que je m’imaginais, mais pas moins galvanisant, bien au contraire ! Je suis tombée sous le charme de cette simplicité, cette générosité de cœur, cette humilité naturelle et surtout cette sensibilité à la beauté qui m’a profondément touché. Première lecture d’un livre de Patti Smith, et certainement pas le dernier ! Je rêve maintenant de me plonger ses recueils de chansons et de poésie !
Le serpent d’eau – Tony Sandoval ****
Une magnifique découverte que l’univers onirique et tendrement sombre de Tony Sandoval. Le mois dernier, je lisais « Mille Tempêtes » et ce mois-ci, je n’ai pas résisté à l’appel du « Serpent d’eau ». Je me suis laissé envoûtée par le style singulier de cet auteur : des traits fins, pleins de poésie, et une hypersensibilité au monde, le visible et l’invisible, que l’aquarelle retranscrit avec beaucoup de délicatesse. Les histoires de Tony Sandoval constituent pour moi comme des bulles de songes dans lesquelles je me laisse flotter, l’espace d’un instant. Un moment irréel et émouvant. L’histoire est à la fois simple et profonde, tout ce que j’aime. Mon seul regret, mais qui pourrait s’appliquer à beaucoup de BD, c’est que j’ai trouvé cette parenthèse trop courte. Mais j’imagine que ce n’est pas vraiment une critique !
Rendez-vous à Phoenix – Tony Sandoval ***
Et oui, vous allez vous y faire, quand j’apprécie un auteur, je passe souvent en mode obsessionnel ! 😉 En tout cas, je m’intéresse souvent à l’auteur ou l’autrice derrière l’œuvre et cette BD a répondu à ma curiosité. En effet, rien à voir, en terme d’ambiance et surtout d’histoire, avec les autres BD de cet auteur, puisqu’il s’agit ici d’un récit autobiographique. Tony Sandoval est un scénariste et dessinateur mexicain qui a du émigrer illégalement de son pays pour espérer vivre ses rêves d’auteur. Et c’est ce moment charnière dans sa vie et sa carrière que l’auteur a décidé de nous partager. À l’heure ou les mouvements de migration humaine sont plus que jamais d’actualité, je trouve important de comprendre l’impact émotionnel que représente pour un migrant le fait de fuir son pays pour tenter une autre vie ailleurs. Cette BD nous raconte l’un de ces ponts vers cette vie lorsqu’elle nous échappe dans son propre pays.
J’étais là, j’avais pris rendez-vous comme chaque année, et d’habitude ils étaient tous tellement contents de me voir. J’avais sorti mon plus beau costume, je m’étais vraiment réjoui à l’avance et puis… rien. Personne pour m’accueillir, ou si peu en comparaison de ce à quoi je m’attendais. Je ne vais pas vous mentir, j’étais déçu, et un peu désorienté. Je ne savais plus trop comment me comporter. Est-ce que je pouvais tout de même m’installer ? A priori personne ne m’en empêchait, et j’avais travaillé si dur pour être prêt à temps pour la date prévue ! Alors, dans un silence inhabituel, je me suis avancé sur la scène pour démarrer le récital. Malgré cette situation inattendue, malgré la désertion de mon public, si enthousiaste d’ordinaire. Mais où étaient-ils donc tous passé? Plutôt que de trop m’inquiéter, j’ai décidé de commencer. Ils allaient bien finir par arriver ! J’ai d’abord libéré un souffle frais, légèrement tiédis par les rayons du soleil, qui eux, pourtant, étaient au rendez-vous. Cela m’a rassuré, alors j’ai continué. J’ai entonné mon premier chant, celui que les graines, encore enfermées dans leur coquille, adorent. Chaque année, elles attendent ce morceau comme un signal. L’autorisation d’écarter les dernières couches d’écorce pour germer. J’aime beaucoup ce moment, j’ai le sentiment d’être un charmeur de serpent. Les brins d’herbe s’élèvent doucement vers le ciel en ondulant. Ils me remercient d’accompagner ainsi leur danse et chaque année, je me régale de les voir lentement se déployer. En parallèle, j’appelle, presque en chuchotant, mes amis les insectes. Pour eux aussi, le réveil est parfois compliqué, alors j’y vais progressivement. D’abord les moucherons, puis les abeilles et ensuite les papillons. Aaaah les papillons font souvent un peu leur timide, ils attendent que la danse des fleurs soient lancé pour s’avancer. Ils ont peur de leur voler la vedette. Ils sont tellement attentionnés avec les fleurs. Ce sont un peu leurs amoureuses, alors ils prennent soin de leurs états d’âme, et je sais de source sure qu’elles apprécient. La journée s’est déroulée, j’ai suivis le programme à la lettre et qu’elle surprise, vers vingt heure, de voir tous mes amis se mettre au balcon pour nous applaudir! J’ai trouvé cela si charmant. Ils s’étaient tous cachés pour nous faire la surprise ! Mais au bout d’un instant, j’ai pris conscience que ce n’était pas moi qu’ils remerciaient, pas notre récital qu’ils saluaient. J’ai compris que mes amis humains traversaient une sorte de crise et cela m’a beaucoup peiné, mais j’étais aussi tellement triste de constater qu’ils m’aient à ce point oublié. Ils m’avaient zappé, pas de sacre pour Mr Printemps cette année ? J’étais tout de même un peu vexé, et en même temps, c’était une vraie leçon d’humilité. Alors, je décidé de leur pardonner et c’est là que j’ai pu apprécier ce silence qui laissait plus d’espace aux oiseaux de chanter, aux abeilles de butiner, aux papillons de s’élancer. Je me suis délecté de cet air pur qui permettait aux parfums de la terre, des feuilles et des fleurs de se diffuser dans l’air comme jamais. Au final, c’était un sacre sans précédent, mais qui ne manquait pas de beauté dans sa singularité.