L’éveil

Je me suis réveillée ce matin et n’ai pas osé ouvrir les yeux. Je sentais comme une présence autour de moi et tous mes sens étaient en éveil. En tâtonnant, sans en avoir l’air, j’ai pris conscience que j’étais enfermée et pas qu’un peu ! J’avais juste l’espace pour bouger mes membres, mais rien d’exaltant ou qui puisse s’apparenter à un réel mouvement. J’ai fini par me sentir tellement oppressée que j’ai ouvert les yeux, mais cela n’a pas changé grand-chose. Une lumière, lointaine, me parvenait sans pour autant éclairer cet espace dans lequel je me retrouvais confinée malgré moi. Mais que se passait-il ? Où étais-je ? Une petite voix en moi me disait de me calmer, que tout allait bien et cela m’empêchait de complètement paniquer, mais concrètement : j’étais prisonnière ! Un bruit de plus en plus assourdissant a envahi mes oreilles et c’est quand j’ai pris conscience que c’étaient les battements de mon propre cœur que j’ai pu retrouver un semblant de lien avec la réalité. Mais j’avais du mal à me calmer et mon cœur frappait si fort dans ma poitrine ! Une crise de panique, de folie, commençait à me secouer de toute part. Alors, j’ai essayé ces exercices de méditation que j’ai appris. J’ai fermé les yeux et me suis concentrée sur ma respiration. Sur mes sensations. En essayant de ne pas renchérir sur les montées d’angoisses que je sentais enserrer ma poitrine par vague. Ma respiration, et les parties de mon corps que je sentais crispées. Je fixais mon attention sur ces endroits pour les détendre. Observer sans intervenir. Rester dans l’équanimité. Le moment présent. Ma respiration. Toujours. Et je me raccrochais à cette confiance sourde que je percevais faiblement, mais distinctement au plus profond de moi. Cette conviction que je pouvais dépasser ça. Quoi que soit ce « ça ». Quand tout à coup, quelque chose a lâché. J’ai senti mes membres se détendre et les douleurs qui me parcouraient le corps se dissiper comme par magie. Je me sentais couler, comme dans un bain tiède et bienfaisant. Puis soudain, la lumière, aveuglante, mais tellement douce sur mon visage. J’ai refermé les paupières un instant pour m’habituer à cette nouvelle intensité. Et quand je les ai rouverts, j’ai vu un magnifique jardin. J’ai avancé vers cette vision de paradis et c’est alors que j’ai senti une libération incroyable. Mon corps pouvait enfin prendre toute la place dont il avait besoin et en regardant derrière moi, j’ai vu se déployer mes ailes, immenses et colorées. J’étais abasourdie. Comment ? Un papillon ? Moi ? Un parfum délicieux parvenait jusqu’à moi et m’invitait à m’envoler. À me lancer dans la vie sans perdre un instant de cette journée qui s’offrait…

Journal d’écriture : Changement de cap

Comment allez-vous ? J’espère que votre semaine s’est bien passé, malgré le confinement. Est-ce qu’elle a été créative ? Pour ma part, il semble que cette situation ait eu un impact plutôt positif sur mon travail. Ces conditions particulières m’ont poussé à m’organiser différemment et cela a sans aucun doute influencé ma décision de revoir entièrement mon projet de premier roman ! Je crois qu’un tel changement de cap nécessitait une prise de recul que cet isolement forcé a favorisé ! Car cela faisait plusieurs semaines que j’avais la sensation que mon projet mûrissait dans ma tête, bien au-delà du travail d’écriture que je continuais à fournir. Je sentais confusément qu’un élément important me manquait pour comprendre pourquoi je me sentais éternellement insatisfaite de la direction que je prenais dans mon récit. Et c’est lors d’une discussion avec un ami, que l’information a commencé à faire son chemin : les événements de ma propre histoire, dont je m’inspire pour créer celle de mon roman, ne sont peut-être pas aussi révolus que je le pensais ! Après réflexion, ce passé apparaît encore étroitement lié à mon présent et dans ces conditions, difficile pour moi de prendre le recul nécessaire à la création (Voir mes résistances pour lacher le réel). Je suis à la fois l’auteur et le sujet de mon histoire. Une situation complexe et peu propice à l’élaboration de mon projet, comme si je m’efforçais de construire sur un sol encore mouvant. Cette prise de conscience à fonctionné sur moi comme un déclic et une décision inattendue s’est alors imposée à moi : mettre le projet en stand by. Vous me direz, c’est quand même dommage de suspendre l’écriture de mon roman alors que je n’ai jamais eu autant la paix pour l’écrire ! Pourtant ce n’est pas ce qui me préoccupe au au moment de prendre cette décision, mais plutôt ce doute très dérangeant qui subsiste : est-ce que je ne suis pas juste en train de succomber à une nouvelle résistance ? Est-ce que j’abandonne définitivement ce projet ? C’est possible, je n’ai aucune certitude. Mais à ce stade, il est devenu essentiel pour moi de tenter de faire la distinction entre persévérance et obstination. Depuis plusieurs mois, j’ai persévéré, mais ce nouvel éclairage me pousse à faire preuve d’une plus grande flexibilité. D’essayer autre chose, au risque de me tromper. J’ai décidé de suivre cette intuition qui me dit de laisser à cette histoire plus de temps et d’espace, de la laisser respirer, et moi avec. Est-ce que cela veut dire que je n’écris plus ? Que j’ai renoncé à mon rêve ? Certainement pas. Car depuis le début de cette aventure créative, j’ai trois projets bien identifiés dans ma tête, trois balises sur le chemin que je me suis tracé pour me lancer en tant qu’écrivaine. J’ai donc jugé qu’il pouvait être plus avisé de redistribuer les cartes afin de changer l’ordre de création de mes projets. J’ai soigneusement rangé toutes mes notes relatives à ce « premier » projet, et sortis le carnet où j’avais rassemblé celles pour le deuxième. Et depuis lundi, je travaille à ce nouveau projet. Un projet qui n’a rien à voir avec ma propre histoire et qui m’offre enfin la liberté que je ne connaissais pas de tout inventer… ou presque. Car les premières bribes de cette histoire me sont apparu en rêve, il y a déjà plusieurs années. Il a d’ailleurs été très étonnant de voir le reste de l’histoire se révéler cette semaine, au cours de l’écriture du scénario qui m’a occupé ces derniers jours. J’ai eu le sentiment de faire l’expérience de déterrer un trésor comme dans une fouille archéologique, partant de ce qui affleurait en surface pour découvrir ce qui était encore enterré, comme le décrit Stephen King dans « Écriture, mémoire d’un métier ». Cette première semaine m’a donc plutôt conforté dans mon choix, mais les débuts sont toujours enthousiasmants, alors je vais éviter de crier victoire trop vite. Surtout que comme tu le sais, l’écriture d’un roman est une course de fond alors, je reste concentrée. Qui vivra verra. Et vous ? Ça vous est déjà arrivé d’arrêter un projet en cours de route ? De le reprendre plus tard ?

Embrasser l’insécurité

Ami écrivain, amie écrivaine,

Comment s’est passé votre semaine d’écriture ? La mienne a été pas mal mouvementée et m’a confronté à une nouvelle réalité, celle d’embrasser l’insécurité de créer. Embrasser qui ? Quelle insécurité ? Encore un nouveau virus exotique menaçant ? En fait, plus les semaines décriture de mon 2ème Jet avancent (Previously dans #maviedecrivain pour ceux qui arrivent en cours de route) et plus je me rends compte que le contrôle est mon ennemi public numéro 1. Le manuscrit de mon roman ressemble actuellement à la surface frémissante du plomb sur le point de se changer en or (dans le meilleur des cas), mais tu vois, ca frémit, mais pour l’instant l’alchimie ne se passe pas. Pourquoi ? Ben, j’ai peur que ça m’explose à la gueule pardi ! Toi aussi, tu as eu Mr Gavin en cours de Chimie au Lycée ? Peut-être pas, sinon tu saurais que toute expérience non contrôlée finit toujours par un fiasco ! Alors moi, dés que je sens que mon imagination pourrait partir en vrille, et bien, je mets un couvercle dessus, pour bien refroidir tout ça. Super efficace, ça brule pas mais ça prend pas non plus. La seule chose à faire: lâcher prise… Mais comment?! Je crois que cette semaine j’ai trouvé une réponse à cette question, et c’est d’embrasser l’incertitude de ne pas savoir si cette effervescence va se transformer en or ou en purin. C’est quand même dingue, parfois j’ai la sensation que je suis plus à l’aise avec l’idée d’être sure de me planter plutôt que d’être dans l’incertitude de réussir. Ça peut pas durer.

“100% des gagnants ont tenté leur chance.”
La Française des jeux

Celui (ou celle) qui a pondu ce slogan est un génie. Je devrais faire imprimer des posters et les placarder partout dans mon bureau. Et puis aussi relativiser, parce qu’à bien y réfléchir, prendre des risques dans un bureau chauffé, dans ma maison, au cœur d’une petite ville de province, ca reste quand même assez sécuritaire. Le danger est complètement virtuel, mais il prend sacrément de la place ! Raaaa la peur de se planter, c’est un truc que l’on nous apprend depuis tout petit. Et bien moi, je peux te dire que je l’ai bien assimilé cette leçon là. Mais je ne vais pas me laisser faire. Si ça continue, je vais m’organiser une session par jour de plantage, histoire de dédramatiser et de me sortir de ce conditionnement nauséabond. Et toi, tu fais comment pour gérer cette prise de risque que nécessite la créativité ? Sache que toutes solutions m’intéressent. 😉
Un merveilleux we à toi.

Aurélie