Entreprendre « comme une femme »

Pendant les vacances, j’ai réfléchi aux sujets qui me touchaient personnellement, mais auxquels je ne donnais pas assez de place dans ma vie. Et l’un des plus importants pour moi est le FÉMINISME. Je sais, je sais, c’est un sujet à la mode, mais je sais faire la différence entre un engouement passager et un sujet qui me prend aux tripes. Ces dernières années en entreprise, j’ai compris à quel point le sexisme avait pu entraver ma carrière professionnelle sans que je sois jamais pleinement consciente de ces enjeux politiques pourtant si actifs à tous les niveaux, y compris dans ma propre éducation.

Ce n’est pas tant la lutte contre le patriarcat qui m’anime, même si évidemment elle fait partie de l’équation, mais plutôt comment moi, en tant que femme, je peux déconstruire cette éducation qui m’empêche d’exercer ma puissance ? Car je vois bien que déjà, à mon niveau, je peux changer tellement de choses. Prendre conscience de la misogynie que nous nourrissons entre femmes aka les blagues sur les blondes, les préjugés qui nous poussent à juger d’autres femmes sur leur façon de s’habiller ou de se maquiller, la rivalité que nous alimentons en place et lieu de la sororité. Parvenir enfin à dénoncer les disparités que l’on rencontre en tant que femme en entreprise, et que l’on choisis de ne pas voir, pour éviter de passer pour une « emmerdeuse ». Je veux ouvrir mes yeux sur cette réalité qui dérange, pour m’assurer de libérer, pour moi et pour toutes les femmes qui le désirent, le plein potentiel qui est en nous.

Alors voila, je souhaite, consciemment, creuser le dossier du féminisme, ce sujet que je connais si mal, alors que je suis censée être la première concernée. Et plus précisément, ce à quoi j’ai envie de contribuer, c’est le fameux women empowerment, je n’ai pas trouvé de traduction en français qui retranscrive de manière aussi directe ce besoin, que je ressens, de me réattribuer ma puissance de femme.

Pour ce premier article, je voulais vous partager une pub réalisée par la marque Always il y a quelques années et qui avait vraiment opéré un déclic chez moi. Une prise de conscience essentielle, celle d’avoir besoin de se ré-approprier de manière positive la définition-même de la féminité. Aujourd’hui, mon objectif est de pouvoir simplement me sentir fière de dire que j’entreprends et que j’écris « comme une femme ».

La version en FR pour ceux qui préfèrent.

Si vous avez des suggestions de lectures, de podcasts, de vidéos, je suis toute ouie !

« La cloche de détresse » – Sylvia Plath

*** UN BON MOMENT DE LECTURE

Depuis que je m’intéresse au féminisme et à la poésie, j’entends parler de Sylvia Plath partout. Elle constitue apparemment l’une des figures emblématique des poétesses américaines et le fait que des gens que j’admire la cite comme une source d’inspiration m’a beaucoup intrigué. J’ai commandé un recueil de poèmes, The collected Poems, qui se sont avérés malheureusement un peu trop pointus pour que je puisse en savourer la teneur avec mon niveau d’anglais. J’ai donc décidé de me rabattre sur le seul roman qu’elle ait écrit, et qui, lui, a été traduit, c’est La cloche de détresse, « The Bell Jar » dans son titre original.

SYNOPSIS : Esther Greenwood, jeune fille brillante et passionnée de littérature est tout d’abord accueillie à bras ouverts par le monde académique et par celui des média, reconnue pour ses talents d’écriture. Mais la reconnaissance n’est jamais unanime et elle finit par recevoir un refus pour un stage d’été en écriture sur lequel elle avait mis tous ces espoirs. On la suit alors dans une descente psychologique au cours de laquelle elle se retrouve désormais en proie à toutes ses insécurités qui, jusque-là, l’avaient épargnées.

CE QUE J’AI AIME :
– L’expression de la souffrance psychologique : Esther ne souffre pas d’un événement en particulier, mais plutôt d’être trop exigeante avec elle-même. Ce n’est pas qu’elle n’a pas de talent, mais plutôt qu’elle-même se juge et se condamne. Une ambivalence de l’écrivain qui me touche et qui doit certainement résonner avec nombre d’artistes.
– Le niveau d’intimité : Esther est envoyée dans un asile et, en tant que lectrice, j’ai eu le sentiment d’être enfermée avec elle. J’ai partagé sa fébrilité, ses interrogations. J’ai ressenti une grande proximité avec elle. L’autrice parvient a nous faire partager la dépression d’Esther sans pour autant nous y faire plonger, c’est pour moi un vrai tour de force.
– L’humour tenté d’ironie de l’auteur : le suicide est une thématique qui prend beaucoup de place dans le récit. L’autrice parvient à rendre le sujet supportable en le mettant à distance avec une attitude pragmatique qui rend la perspective un peu absurde. L’humour comme barrage contre la douleur, mais au final, c’est aussi le meilleur moyen d’exprimer de la pudeur vis-à-vis d’une souffrance trop bouleversante, aussi bien pour l’autrice que pour la lectrice que je suis.

CE QUE J’AI MOINS AIME:
– L’ambiance dépressive : ce n’est un secret pour personne, Sylvia Plath s’est suicidée à l’âge de 30 ans suite à une vie profondément marquée par la dépression. J’avoue que je ne suis pas fan des ambiances trop plombantes. Mais la sensibilité avec laquelle l’autrice s’exprime rend son histoire touchante malgré tout.
– Le manque d’histoire. Au final, ce livre se rapproche plus d’une auto-fiction que d’un véritable roman. Et je l’apprécie mieux en le considérant sous cet angle autobiographique. J’en suis néanmoins ressortie un peu sur ma faim en terme de structure narrative. Mais j’imagine que cela correspond bien à la déroute dans laquelle le personnage d’Esther se retrouve, sans perspective, justement. Cela génère une impression de malaise, qui sert le propos, mais qui m’a pas mal frustré.

EN TANT QU’ÉCRIVAINE
Ma curiosité envers l’univers de Sylvia Plath et ma réaction à la lecture de ce roman me montre qu’une part de moi est touchée par l’expression de la souffrance psychologique que je ne m’autorise absolument pas dans mes écrits à ce jour. C’est sans aucun doute une piste d’exploration intéressante pour moi. Elle passera, je pense, par une écriture plus proche de la poésie, même si j’avoue que c’est un genre d’écriture que je trouve intimidant.

ET APRÈS ?
Une écriture fluide qui se lit très facilement. Une bonne façon d’entrer dans l’univers de cette autrice dont les tourments psychologiques et l’œuvre ne font qu’un. On touche ici au thème de la transcendance qui est l’un de mes sujets de prédilection. Cela ma donne donc l’envie de continuer d’explorer l’œuvre de cette autrice, et « La cloche de détresse » m’a semblé constituer une bonne porte d’entrée pour commencer à faire sa connaissance. Dans ma liste de prochaines lectures figurent donc maintenant en bonne place ses Journaux (1950-1962), parus en 1999 chez Gallimard.

Et vous, connaissiez-vous cette autrice ? Qu’en avez-vous pensé ?

Recommencer

Empêchée, enchaînée dans les liens du Passé.
Trop loyale, trop soucieuse d’être aimée,
Trop prompte à m’oublier, à me laisser absorber.
Par lui, par elle, par toute personne qui m’aime.
Je suis à toi, je ne m’appartiens déjà plus.
Je me perdais dans tes bras et je n’en ai rien su.

Depuis ton départ, j’apprends à renaître.
J’apprends à respirer, à vivre par moi-même.
Jusqu’à la prochaine rencontre.
Je la redoute, je l’appelle de mes vœux.
Mon cœur s’emballe à l’idée de vibrer à nouveau,
De sentir les ailes d’un autre me frôler, de toucher sa peau.

J’aurais pu t’aimer, je n’en ai rien fait.
J’ai préféré prétendre, faire comme si.
J’ai préféré passer le reste de mes jours à t’attendre, à bousiller ma vie.
Mais il n’est pas trop tard, je veux encore y croire.
Me coucher dans mon lit avec cet espoir.
Ouvrir un œil curieux aux premières lumières de l’aube,
Et sentir la vie, peu à peu, revenir…

- fA170820