L’heure du rendez-vous

Ça faisait plusieurs années que j’entendais parler de lui et à chaque fois, je ne pouvais m’empêcher de dresser l’oreille. Il m’intriguait. Toutes les personnes qui le connaissaient en parlaient avec énormément de chaleur et j’avais alors très envie de le rencontrer. Et puis j’oubliais. J’avais pris note de son existence mais je ne faisais pas d’efforts pour aller vers lui. Indifférence? Appréhension? Ou peut-être que j’attendais le bon moment. Un signe qui me dirait: c’est maintenant. Pourtant ce soir je prends conscience que notre rencontre s’est finalement organisée sans moi, ou bien si peu de moi. J’ai parlé de lui à une amie qui le connaissait et elle m’a tout de suite proposé d’organiser un rendez-vous. Comme ça. Sans l’avoir vraiment prémédité. Nous avons sortis nos agendas et avons trouvé une date où tout ce petit monde serait disponible pour passer un moment et faire connaissance. J’ai noté, bien sagement, et ne m’en suis plus trop préoccupée. Jusqu’à ce soir. Car c’est demain. Demain que je pars, depuis le Puy-en-Velay, sur le Chemin de Compostelle. Pour enfin le rencontrer. Lui, ce chemin qui fait tant parler. Je ne suis pas une fervente catholique mais j’aime l’idée du pèlerinage. L’idée que ce chemin soit à la fois un chemin vers soi et un chemin vers une ville, lointaine, dans un autre pays. Un peu comme si le monde physique et le monde spirituel se rencontraient et se matérialisaient sous la forme d’un chemin. Et c’est bien cela que ces milliers de pèlerins racontent. Alors je suis curieuse. J’ai maintenant hâte de poser à mon tour mes pas sur cette route mythique. Mais au delà du pèlerinage spirituel, cette marche vers Compostelle, c’est aussi un pèlerinage personnel, presque intime. La maison de mes grands-parents, installée dans un ancien presbytère, était une ancienne étape du Chemin. Cette maison, j’y ai passé une grande partie de mon enfance. J’y ai beaucoup de souvenirs. Certains heureux, d’autres pénibles. Et le fait de me lancer demain sur cette route, c’est aussi un moyen pour moi de retrouver le lien avec ce passé, me réconcilier avec lui et peut-être, un jour, arriver à pardonner.

Premier concours de Nouvelles

Premier texte délivré! Ce fut mon challenge du mois de Juillet : j’ai pu créer ma première Nouvelle que j’ai terminé in extremis mais j’ai un peu cherché la difficulté car « pondre » une nouvelle en 2 semaines c’était tout de même très court, trop court en fait! Mais globalement cette première expérience m’a tout de même permis de tirer quelques leçons:

CE QUI A BIEN FONCTIONNE
– Le challenge d’avoir un thème imposé pour seul point de départ
Cet exercice m’a permis de constater qu’il était tout à fait possible de solliciter ma créativité sur une thématique qui ne suscitait a priori pas un intérêt particulier pour moi. Une croyance limitante de moins qui va me permettre d’élargir mon champs d’action! 🙂
– Le fait d’avoir une limite de taille de texte
Contre toute attente le format court (20 000 signes EC max) de la Nouvelle a plutôt été un point positif car cela m’a obligé à trouver une structuration dans mon histoire qui me permette d’exprimer les éléments que je jugeais importants pour le lecteur, des faire des choix en conscience. Et au final, si je suis les conseils de Stephen King dans son livre « Écriture: Mémoires d’un métier » que j’ai lu récemment, je pense qu’il est toujours utile d’avoir en tête d’aller à l’essentiel (avec ou sans contrainte de taille) et de ne pas encombrer le texte avec trop de qualificatifs ou de descriptions qui ne sont pas nécessaires. Il me semble que cela laisse plus de place aux éléments qui ont besoin d’être mis en avant et rend donc l’histoire plus forte.
– Le travail sur les personnages
J’ai passé pas mal de temps à faire connaissance avec mes personnages. J’ai commencé par créer des fiches individuelles mais cela m’est vite devenu fastidieux et j’ai rapidement bifurqué vers des schémas, c’est mon coté « visuel » qui m’a guidé, du type:
○ chronologie de la vie de mes personnages: naissance, études/travail, mariage, enfants, etc…
○ arbre généalogique (puisqu’il s’agissait d’une histoire de famille)
○ Courbe d’évolution entre l’univers Narratif et mon personnage principal
Toute cette préparation m’a permis d’avoir de l’aisance au moment de rédiger l’histoire pour savoir comment les faire agir ou parler durant les dialogues. C’était un vrai confort pour moi de pouvoir puiser dans ce travail préliminaire.

CE QUI RESTE A AMELIORER
– La gestion du temps
Clairement j’ai cherché la difficulté en décidant de participer à un concours a 15 jours de la date limite de participation et je me rends compte a posteriori que je n’ai pas optimisé le temps qui était à ma disposition. J’ai passé beaucoup trop de temps sur la préparation des personnages (même si elle fait partie de mes points positifs) et pas assez sur la structuration de mon récit. Je me suis retrouvée avec un texte beaucoup trop long a 2 jours de la deadline et j’ai du faire des choix drastiques pour rentrer dans les contraintes demandées. J’espère que cela ne s’est pas fait au détriment de la progression de mon histoire mais j’aurais eu besoin de plus de temps pour m’en assurer.
– Prévoir une étape de relecture par un beta-lecteur
A voir aussi avec la gestion du temps, mais j’étais beaucoup trop charrette pour avoir le temps de partager mon texte a mon cercle d’amis ou au moins une personne pour avoir un retour sur la compréhension globale de mon histoire et sur son déroulement. C’est une étape qui me semble essentielle et que je n’ai malheureusement pas pu intégrer dans mon planning cette fois-ci. Je pense prévoir au moins 1 semaine de rabe pour les prochaines créations.
– Prévoir un temps de repos avant de faire la vérification d’orthographe
Difficile de bien repérer les coquilles lorsque l’on nage dans son récit depuis plusieurs jours donc je crois que j’aurais vraiment eu besoin d’un bon break pour faire une vérification avec l’esprit plus serein… Je croise les doigts que le résultat ne soit pas trop édifiant!
– L’attribution des prénoms
Ralala, j’ai trouvé cela beaucoup plus difficile que je ne m’y attendais et j’ai changé de nombreuses fois en ayant vraiment l’impression d’etre un enfant de 3 ans qui apprend a parler avec une liste de vocabulaire limitée! Je crois que je manque cruellement de pratique dans ce domaine, surtout pour les prénoms communs. En fait j’ai eu plus de facilité a inventer des prénoms qu’a trouvé des prénoms existants pour mes personnages principaux dont je ne souhaitais pas qu’ils aient un prénom atypique qui véhiculait une histoire à lui tout seul. Je crois que j’aurais besoin de me trouver une logique, une petite grille de recherche pour mes prochaines histoires.

Globalement une super expérience que je vais tenter de réitérer ce mois ci, malgré une petite semaine de vacances en milieu de mois.

Des « Nouvelles » du front

Ces dernières semaines ont été particulièrement instructives pour moi du point de vue de l’écriture.
Cette évolution, je crois que je la dois principalement à ma décision de participer à un stage de formation à la construction de roman. En effet, outre le contenu théorique du « Creative Writting » qui m’a particulièrement inspiré (et dont je vous parlerai certainement dans un prochain article), ce stage a surtout été l’occasion pour moi d’échanger avec d’autres personnes en quête d’écriture. Je suis d’autant plus ravie de ses rencontres que je les espérais car je ressentais un besoin de plus en plus pressent d’échanger avec d’autres écrivains (plus ou en moins aguerris) et nos discussions m’ont beaucoup aidé à murir mes réflexions. Pouvoir écouter d’autres histoires, d’autres façon d’aborder l’écriture m’a permis de clarifier la place que je souhaite donner à l’écriture dans ma vie et la façon dont je peux m’y prendre pour avancer sur ce chemin.

La principale conclusion que j’en tire est que j’ai certainement mis la charrue avant les bœufs en me lançant directement dans l’écriture de mon premier roman sans pratique préalable. A l’issue de ces 5 jours de formation, deux idées m’ont percuté:
1- L’Écriture est l’élément primordial qu’il manquait à ma vie pour lui donner un sens: je me sens à ma place, centrée, inspirée, excitée. C’est une évidence. Et je me rassure en me disant que ce besoin, je n’ai pas forcément à le lier au fait d’en faire mon métier. Je peux décider d’écrire pour le restant de mes jours, quels qu’en soit les résultats dans le monde extérieur basé essentiellement sur mon ressentis intérieur. Que je parvienne à être édité ou non, vendre mes livres ou non , rien ne peut pas m’enlever la plénitude que je ressens lorsque j’écris et c’est cela que j’ai décidé de cultiver quoi qu’il advienne.
2- J’ai cruellement besoin d’expérience en la matière pour avancer et déployer mon art!
La frustration fait partie du processus créatif et ce n’est pas le fait que je rencontre des obstacles à l’écriture de mon roman qui me pose véritablement problème. Ma prise de conscience concerne plus le fait que le peu de temps que j’ai passé sur mon premier roman j’ai finalement eu la sensation de lui faire porter injustement le poids de mon inexpérience! Alors que je suis particulièrement attaché aux personnages, à l’histoire et à la forme que je veux donner à mon récit, mon manque de pratique m’oblige a les malmener pour « me faire la main », tout simplement.

Les écrivains avec qui j’ai pu discuté, et qui avaient le plus d’expérience, m’ont parlé de l’importance de l’expérience, de la quantité à brasser nécessaire pour déployer finalement la qualité. Et surtout ils m’ont parlé d’un format que je connaissais peu, celui de la Nouvelle! Car la principale difficulté que j’ai rencontré dans le fait d’écrire un roman pour la première fois est bien de le construire: de comprendre comment le structurer, comment lui donner du rythme, de la personnalité,… bref, comment lui donner corps. Et pour cela, la Nouvelle est le format idéal car il permet de concentrer les efforts de structuration tout en limitant le scope (et donc le temps passé) de l’histoire. Je ne dis pas que la Nouvelle soit plus simple a écrire car elle demande par exemple des qualités de synthèses plus affutées mais elle concentre toutes les questions liées à la création d’un récit tout en limitant la complexité qu’apporte le volume du roman. On va a l’essentiel, on passe moins de temps a construire avant d’écrire, et ce temps gagné permet de multiplier les expériences de manière plus productives. Beaucoup de grands écrivains sont passés par le format de la Nouvelle pour se lancer et l’idée m’a rapidement séduite. Le dernier argument, et non des moindre il me semble, c’est que je trouve important d’apprendre a écrire sur des sujets qui me tiennent peut-être moins a cœur au premier abord pour mieux comprendre ce qui me pousse à devenir écrivain. Car il s’agit bien de cela: découvrir ce qui m’anime suffisamment pour me lancer dans cette aventure folle de créer pendant des jours, des mois, des années, des pages à n’en plus finir…

Certains d’entre vous êtes passé par l’écriture de Nouvelles? Est-ce que vous avez aimé? Qu’est ce que cela vous a apporté? Je serais curieuse de connaitre vos expériences sur le sujet.