Le mot du WE : EXPRESSION

Je sais pas vous, mais moi, j’ai eu une éducation qui disait : une fille “comme il faut” sait se tenir et ne partage pas ses opinions, alors autant vous dire que cela ne me prédisposait pas à tenir un Blog un jour ! 😉
Mais au fil des ans, ce dont je me suis aperçue, c’est que se taire, ce n’est pas préserver la paix, comme je me l’imaginais naïvement. Se taire, c’est souvent s’aliéner, se faire complice de comportements abusifs ou même violents. Se taire, c’est aussi manquer l’occasion de montrer qui on est vraiment, au risque de déplaire à certains (pour certainement plaire à d’autres?).

Cette semaine de combats, autour de la mort de George Floyd, m’a énormément bousculé, à plus d’un niveau. Avant lui, le mouvement #Metoo avait eu le même effet sur moi, celui de m’ébranler, dans le bon sens du terme. Car le propos de cet article n’est pas de parler de la lutte contre le racisme, car je fais malheureusement partie de ces blancs privilégiés et non éduqués sur le sujet (mais je me soigne). Non, je souhaitais parler de cette hésitation, que je perçois chez moi, à m’exprimer, ou même à simplement relayer le combat de personnes, que pourtant, je soutiens. Que ce soit en faveur du féminisme ou contre le racisme, je me rends compte, qu’une fois de plus, la peur vient me museler dans les moments les plus importants. Peur d’être mal perçue, ou de ne pas avoir les bons mots ? Mais face à la souffrance de toutes les victimes du racisme “ordinaire” que j’ai entendu cette semaine, ou face à celle de toutes ces femmes qui ont eu le courage de témoigner contre leurs agresseurs pendant #Metoo, j’ai fini par comprendre à quel point cette peur était, non seulement insignifiante, mais surtout dangereuse. Personne ne mourra si je suis maladroite dans mes propos, si certaines personnes se détournent de moi pour avoir osé troubler leur bulle de sérénité. Par contre, par mon silence, il est possible que d’autres personnes continuent d’être oppressés, tuées, ou violées, des crimes contre l’humanité continuent d’être perpétués au XXIe siècle. On ne peut décemment pas laisser la violence sévir en toute impunité.

Notre humanité mérite que l’on ouvre sa gueule pour elle. Que ce soit pour défendre nos frères et sœurs d’autres cultures, d’autres races, d’autres sexualités, que ce soit pour dénoncer des abus, des systèmes corrompus ou, tout simplement, pour exprimer sa propre intégrité. Trouver la force en soi de s’affirmer en tant que personne, pas forcément sans peur, mais en la remettant à sa place. Pour ma part, je sais que le chemin sera encore long, mais l’existence de ce Blog, et même celle de cet article, font certainement un pas dans cette direction.

Dernièrement, j’ai justement découvert un documentaire et un film, qui m’ont marqué et m’ont fait réfléchir sur l’importance de retrouver la puissance de sa propre voix. Si ce week-end s’avère aussi pluvieux que prévu, peut-être vous feront-ils passer, également, un moment stimulant et inspirant ?

Miss Americana – Netflix (2020)

Ce documentaire retrace l’histoire et le cheminement de la chanteuse Taylor Swift. Elle raconte comment elle s’est d’abord construite pour plaire au plus grand nombre, au mépris de celle qu’elle était vraiment. Mais comme souvent, lorsque l’on ne se comporte pas en cohérence avec ses actes, la vie s’est chargée de lui donner une leçon mémorable, dont elle a su sortir grandie. J’ai toujours beaucoup apprécié la musique de cette autrice-compositrice-interprète, mais ce n’est que dernièrement que je lui trouve enfin une voix profonde et puissante. Après ce documentaire, je comprends mieux pourquoi.

Scandale (titre original « Bombshell ») – Jay Roach (2019)

Une histoire tout bonnement incroyable (tirée d’un évènement réel qui s’est déroulé en 2016), qui révèle la force inaliénable dont ces trois femmes, journalistes à Fox News, ont fait preuve, chacune avec sa propre vulnérabilité. Qu’une femme ose s’attaquer à un magnat des media américain, lors de son licenciement abusif, est déjà une sacrée histoire en soi. Mais la portée de son geste auprès de toutes les autres femmes, qui avaient été, elles aussi, abusées, redonne juste foi en l’humanité ! Dans une société patriarcale dans laquelle, trop souvent, les femmes sont mises en rivalité les unes avec les autres, cela m’a fait beaucoup de bien, de constater qu’il était possible de se rassembler, pour défendre l’intégrité et le respect. D’ailleurs, je vous partage une vidéo dans laquelle les véritables protagonistes discutent ensemble du film. Cette vidéo confirme, s’il en était besoin, la puissance de la sororité.

Très bon WE à tous.

fA.

Un trésor de famille – Episode 6


Pour ceux qui auraient loupé le début de l’histoire.

Mégane suit le vieil Archibald dans l’escalier de pierre. Elle est presque obligée de se coller à lui pour rester dans la lumière de son chandelier. Sans ses amis à ses côtés, Mégane se sent particulièrement vulnérable et elle est de plus en plus inquiète. Chaque recoin pourrait abriter des dangers inconnus et il lui semble percevoir des chuchotements, des murmures, qui se taisent lorsqu’elle s’arrête pour tenter de les écouter plus attentivement.
– Ne traîne pas, petite, il est facile de se perdre dans les dédales de la Tour.
Après plusieurs étages, Archie ralentit enfin, pousse une lourde porte en bois et l’invite à entrer. L’accueil de la pièce lui apparaît d’emblée beaucoup plus chaleureux que tous les endroits qu’elle a pu traverser depuis son arrivée. Un gigantesque feu de cheminée crépite dans le centre de la pièce, de grandes draperies de velours rouges réchauffent agréablement l’espace et une bibliothèque monumentale recouvre les murs, du sol au plafond, sur une grande partie de la pièce. Le vieil Archibald semble satisfait du silence impressionné de son invitée.
– Tu apprécies le confort de mon humble demeure ?
Mégane ne répond rien, elle s’approche des livres les plus proches pour en déchiffrer les tranches. « Le grand livre de la Magie », « Histoires lugubres et autres contes », chaque titre lui révèle un univers mystérieux et fascinant. Mégane ne parvient plus à détacher ses yeux de tous ces livres magnifiques dont la plupart ont des couvertures précieuses. Archibald lui propose aimablement un chocolat et s’absente un instant de la pièce, le temps de sa préparation.

En l’attendant, Mégane poursuit son exploration, et s’apprête à se saisir de « l’Encyclopédie des Créatures magiques » lorsqu’un objet inconnu lui tombe douloureusement sur la tête. Elle le ramasse à la hâte et découvre avec stupeur le roman disparu de la bibliothèque de sa Grand-mère.
– L’île au trésor de Stevenson, c’est bien l’ouvrage que tu cherchais ?
Mégane lève la tête vers Hector qui se promène avec agilité sur les étagères pourtant encombrées de livres et de menus objets.
– Je ne vois pas en quoi cela te concerne !
– Prends-le avant qu’Archie ne revienne. Il ne t’autorisera jamais à le récupérer.
Mégane n’a pas le temps de répliquer, car Archibald revient dans la pièce, les bras chargés d’un plateau dégageant une merveilleuse odeur de chocolat. Sans réfléchir, elle enfouit le petit livre dans sa poche de sweat-shirt.

– Mégane, assieds toi. Dit-il en lui désignant un fauteuil face à lui.
Elle s’exécute, nerveuse à nouveau.
– Je ne vais pas y aller par quatre-chemins. Toi et tes amis, vous ne pouvez pas retourner chez ta Grand-mère sans mon aide, et moi, j’ai besoin de toi pour me ramener un objet qui m’appartient.
– Un objet ? Quel objet ?
– C’est une plume, une plume pour écrire. Elle était le clou de ma collection, et on me l’a volé. Je veux absolument la récupérer. Tiens, je t’ai préparé une carte pour te guider directement à l’emplacement ou elle a été mise en réserve.
– Si vous savez où elle est, pourquoi n’allez-vous pas la chercher vous-même ?
– Et bien, pour des raisons qui seraient trop compliquées à t’expliquer, cette plume se trouve maintenant dans un autre monde, dans lequel je ne suis pas le bienvenu.
– Un autre monde que celui-ci ? Mon monde ?
– Non, un monde principalement peuplé d’esprits. Ce sont eux, qui gardent ma précieuse plume. Et je sais qu’une âme pure, comme la tienne, n’aura aucun mal à se faufiler parmi eux, pour la retrouver.
– Vous voulez que j’aille dans le monde des esprits ? Mais qu’est-ce qui vous dit que je vais réussir ? Et puis comment je vais accéder à ce monde ?
– Je t’avoue que je n’ai aucune garantie, mais tu es ma seule chance d’y parvenir, comme je suis ta seule chance de retour chez toi. CA se tente !
– Mais je…. Ahhhh… Je ne me sens pas très bien.
– Oui, c’est normal, tu es déjà en partance pour le monde des esprits. J’ai versé l’élixir nécessaire dans ton chocolat, des fois que tu refuses de l’avaler de ton plein gré. C’est le seul moyen d’accéder à ce monde, mais son effet est limité dans le temps et ne peut être utilisé qu’une fois. Presse-toi, sinon toi et tes amis resterez dans mes cachots pour le restant de vos jours.
– Arghhhh…. J’ai si mal au ventre ! J’ai chaud… Je…
Mégane est pliée de douleur, elle a la tête qui tourne, sa respiration s’accélère, elle a l’impression de devenir complètement folle.
– Hector, NON !!
Alors que la pauvre Mégane s’effondre dans son fauteuil, Hector surprend son Maitre en atterrissant avec souplesse sur la table basse, pour lécher le restant de chocolat, laissé par Mégane.
– Hector, mais qu’est-ce que tu fais ? Tu sais que pour toi l’effet sera irréversible !
Mais Hector continue de laper le fond de la tasse, puis il se traîne péniblement sur les genoux de Mégane, avant de s’évanouir à son tour.

La suite, la semaine prochaine…

UPDATE: la suite ICI.

Réconcilier personnel et professionnel

J’ai passé presque vingt ans en entreprise. Et pendant de longues années, je croyais avoir trouvé un bon équilibre entre mon travail et ma vie privée. Je dois reconnaître, qu’à l’époque, je ne me connaissais pas beaucoup, je n’avais aucune idée de ce que je voulais de la vie, et encore moins de la façon dont je souhaitais la faire évoluer. L’entreprise m’apportait une réponse toute faite à ces questions que je n’osais pas me poser. Le statut de salarié m’a offert ce cadre rassurant dans lequel tout était prédéfini. J’avais un rôle attribué, un code de conduite clairement établi, et des perspectives d’évolution, qui me permettaient de me sentir en sécurité. Pendant plus de dix ans, j’y ai trouvé un équilibre, dont je ne me doutais pas un instant qu’il était précaire.

En 2009, la vie m’obligeant à repartir de 0 dans mon parcours personnel, cet équilibre a été brutalement rompu. Car même si, à l’époque, j’ai tout fait pour que mes problèmes personnels n’interfèrent pas avec ma « bulle professionnelle », je me suis rendu compte à quel point la frontière entre les deux était illusoire. On nous répète qu’il est sain de ne pas mélanger le personnel et le professionnel, mais cette année d’épreuves m’a montré que cette injonction était non seulement culpabilisante, mais surtout déshumanisante. Car, qu’on le veuille ou non, vivre consiste, justement, à être affecté par les événements qui nous arrivent. Que ces événements prennent leur origine dans le cadre professionnel ou personnel, ne change rien à la force des émotions qu’ils génèrent. Et nous demander d’ériger un mur entre les deux, c’est nous demander de renoncer à notre humanité. Prendre conscience de cette réalité et l’accepter, a été pour moi le début du long chemin qui m’amène aujourd’hui à l’entrepreneuriat. Car quel plus beau projet que de concilier sa personnalité à son travail ?

« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. »

Confucius

En me retrouvant dans l’obligation de me réinventer dans ma vie personnelle, étonnamment, le cadre de ma vie professionnelle ne m’est plus apparut aussi épanouissant. Je me suis sentie comme ces adolescents qui prennent dix centimètres en un été. A la Rentrée, rien de ce qu’ils connaissaient n’est véritablement le même, car prendre dix centimètres brutalement, change complètement de perspective. Et c’est ce qu’il s’est passé pour moi. Certaines des situations qui auparavant m’étaient habituelles, sont devenues étrangement inconfortables. Les règles de fonctionnement que je trouvais si rassurantes, m’ont progressivement paru étouffantes. Les missions que l’on me donnait se sont vidées de leur sens. Ce processus ne s’est pas fait en un jour, mais il n’en a pas moins été irréversible. Et, année après année, une question simple est apparue dans mon esprit, et ne m’a plus quitté :

« Comment serait ma vie, si j’étais mon propre patron ? »

J’ai mis longtemps avant de tenter concrètement d’y apporter une réponse, car j’avais désormais conscience que cela engageait ma vie au sens large. Aujourd’hui, cela fait deux ans que je me suis formée au Coaching, et environ un an que j’ai quitté mon emploi pour me lancer dans l’Aventure, et je commence seulement à saisir l’ampleur du bouleversement identitaire que représente le fait de passer du salariat à l’entrepreneuriat.

Sans ligne de conduite édictée par une entreprise, l’entrepreneur est seul face à lui-même pour décider de sa posture, de la direction de son business, de sa relation client. Non seulement il n’existe plus de frontières claires entre personnel et professionnel, mais le personnel se retrouve au coeur du processus visant à créer un business qui ait du sens pour soi. Le seul outil de travail, qui ait vraiment de la valeur pour un travailleur indépendant, c’est lui-même. Il devient alors fondamental de se connaître, et l’expérience me montre, chaque jour, combien cela demande de prendre son temps. Et je dois reconnaitre que, pour quelqu’un d’habitué à être productif comme on l’apprend en entreprise, ce rythme est très frustrant. Depuis un an, j’ai expérimenté énormément de choses, et j’ai eu le sentiment de me découvrir sur bien des aspects. Savoir composer avec ses qualités, ses limites, ses convictions, ses doutes, c’est ce qui construit mon activité au quotidien. Le coeur du métier que je crée sur mesure, se révèle un peu chaque jour. La connaissance de soi, l’expérimentation, la réflexion, la digestion, constituent autant de facettes d’un processus organique lent, mais fascinant. Je découvre, de l’intérieur, comment la chenille devient papillon, et ce n’est pas sans une bonne dose de stress ! 😉 À ce stade, je sens bien qu’il est encore compliqué pour moi de présenter mon activité de manière simple. Et à la question :

« Qu’est ce que vous faites dans la vie ? »

J’aurais envie de répondre :

« Je fais de mon mieux. »

Et vous ? Comment vous positionnez vous par rapport à votre travail ? Est-ce que vous considérez ce que vous faites comme un part de votre identité ?